« Le talent, c’est
le tireur qui atteint un but que les autres ne peuvent toucher. Le génie, c’est
celui qui atteint un but que les autres ne peuvent même pas voir. »
Le Monde comme
volonté et comme représentation, Schopenhauer
De tout temps,
la folie a guetté les grands hommes. Plus on est lucide et plus le risque de
sombrer dans la folie est important.
Parmi les plus
grands malades de la psyché, nombreux sont des génies en puissance. Il suffit,
pour s’en rendre compte, de dresser une liste de tous les génies qui ont frôlé
ou qui ont absolument sombré dans la folie durant leur vie.
James Joyce, par
exemple, confessa, à propos de son livre Ulysse qu’une « feuille
transparente le séparait de la folie ». Nietzche, Newton, Van Gogh,
Beethoven, Mozart, Turner, Maupassant, Camille Claudel, Nerval, Lautréamont,
Artaud, Bosch, Rousseau, Sade, Goya, Gogol, Poe, Kafka…
Aristote l’a
écrit, dans Les Politiques : « Il n’est pas de génie sans
folie. »
Nietzche, dans Le
Gai Savoir affirme « qu’il se pourrait que la constitution foncière de l’existence
implique qu’on ne puisse en avoir une pleine connaissance sans périr ». Il
poursuit en disant que « la vérité est un poison » et que l’homme ne
peut en supporter qu’une certaine dose, qu’au-delà c’est la mort ou la folie.
C’est donc la
lucidité qui rend fou, la vérité qui nous tue ou nous rend fou aussi. L’homme
intelligent, c’est-à-dire conscient de son monde, c’est-à-dire ayant effectué
une analyse phénoménologique, se voit forcément confronté à l’absurde du monde.
Contrairement à
l’homme absent au monde, ainsi qu’à lui-même, ne voyant rien, ne peut se
soucier de rien, l’homme raisonnable est confronté à la déraison du monde,
monde dans lequel la raison devient dès lors déraison.
« La vie n’est
qu’une histoire dite par un idiot, pleine de fracas et de furie et qui ne
signifie rien. » explique Macbeth.
Camus, lui,
décrira dans Le Mythe de Sisyphe, l’absurde comme « cette confrontation entre
l’appel humain et le silence déraisonnable du monde ».
Pour accéder à
la connaissance et pouvoir regarder avec courage l’absurdité et le mal présents
dans le monde, il nous faut sortir des sentiers battus, fermer les livres, s’ouvrir
les oreilles au(x) monde(s), en finir avec les préjugés.
Hamlet dira, à
la fin de l’Acte I, « il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel,
Horatio, qu’il n’en est rêvé dans votre philosophie. »
C’est illusion
et aveuglement que de nier la réalité. Il faut apprendre à regarder le monde tel
qu’il se présente et non tel qu’on voudrait qu’il soit. On doit pouvoir
regarder le mal lui-même, dans ses manifestations les plus ordinaires.
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