par Hervé
Gardette
Encore à propos
de la transition vers un « monde d’après » plus écologique, plus
vert.
Les économies
sont plongées dans une récession sans précédent, « la CE anticipe une baisse
de son PIB de près de 8% en 2020. Beaucoup de secteurs ont souffert de lourdes
pertes, mais les conditions de leur relance font parfois l’objet de débats, eu
égard à leur rôle dans la crise écologique. C’est le cas en particulier du
transport aérien.
Il est néanmoins
un domaine d’activité où on pourrait même parler d’impensé : celui de la
culture.
Depuis deux
mois, celle-ci est quasiment à l’arrêt (…). La culture est une nourriture
essentielle, qu’on soit confiné ou déconfiné. Mais une réflexion plus
large sur l’empreinte écologique de ce que produisent les industries culturelles
s’impose.
Deux initiatives
ont le mérite de bousculer l’ordre établi dans ce domaine. Un ouvrage publié
cette année, aux éditions Wild Project : Le livre est-il écologique ?
Les auteurs regroupés
au sein de la toute jeune association pour l’écologie du livre, proposent une
réflexion sur l’empreinte carbone de la chaîne du livre, de l’écrivain au
lecteur en passant par l’éditeur, l’imprimeur, le transporteur et le libraire.
Le constat d’ensemble
n’est pas reluisant. Il décrit un monde de l’édition de plus en plus concentré
et financiarisé, engagé dans une course folle à la production : en trente
ans, « le nombre de nouveaux titres publiés chaque année a triplé, or
chaque année un livre sur quatre reste invendu et 15% sont pilonnés : gaspillage ! »
L’industrie du
livre s’est orientée de manière massive « vers une économie de flux »
car c’est sur les volumes de fabrication et de transport qu’une part de plus en
plus importante des marges est réalisée. Qui dit transport, dit pollution,
d’autant que les distances parcourues s’allongent. Qui dit surproduction dit
surexploitation des forêts, sachant qu’une « part importante de la pâte à
papier est encore importée de pays de l’hémisphère sud et notamment de la forêt
amazonienne. »
L’autre
initiative vient du monde du cinéma, non pas du côté des tournages, mais de celui
des exploitants de salles, eux aussi touchés de plein fouet par les conséquences
de l’épidémie. Le bien nommé réseau Utopia est en train de développer, à
Pont-Sainte-Marie, dans la banlieue de Troyes, un tout nouveau prototype de
salle, loin du gigantisme des multiplex et de l’hégémonie des blockbusters, où
l’on voit des super héros sauver le monde en explosant le bilan carbone de la
planète.
Taille modeste,
structure en bois, panneaux photovoltaïques sur le toit, chaufferie biomasse. Toilettes
sèches. L’Utopia de Pont-Sainte-Marie qui espère ouvrir ses portes en décembre
2021, revendique le titre de « premier
cinéma à énergie positive ».
Dans une
tribune, publiée dans Libération, Emmanuel Tibloux, directeur de l’Ecole
Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, rappelle que, si on remonte à son
étymologie latine, « la culture est au sens propre et premier, agricultura,
culture de la terre. »
Or, « nous
sommes loin d’avoir tiré toutes les leçons de cette histoire vieille de 2000
ans qui rappelle que la notion de culture a été inventée dans une relation
étroite à la nature. »
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