Mon activité au
bureau des recherches surréalistes va bon train. Le « négawatt » -
unité d’énergie économisée (« néga » pour négatif). Jeune néologisme
débusqué tantôt, suite à ma lecture d’un article, paru dans Le Monde Diplomatique, du mois de février, intitulé : Ce dont nous avons (vraiment)
besoin, par Razmig Keucheyan.
Une société « négawatt »
se veut une société de la sobriété où des possibilités de consommation sont
délibérément écartées car considérées comme néfastes. Il faudra ainsi
distinguer les besoins humains authentiques, légitimes (qu’ils soient d’ordre
biologique, manger, boire, se protéger du froid ou d’ordre plus qualitatifs,
qui évoluent historiquement, voyager, se cultiver…) qu’il faudra donc continuer
à satisfaire, et les besoins artificiels, illégitimes, dont il faudra se
défaire.
Et qui déterminera le caractère légitime ou non d’un besoin ?
Et qui déterminera le caractère légitime ou non d’un besoin ?
Le sociologue
conclut que la transition écologique nous incite à fonder une démocratie
directe, plus délibérative que représentative, la seule façon de parvenir à une
nouvelle « critique de la vie quotidienne » élaborée collectivement.
Quoi de neuf ?
Étrange.
Aristote a déjà, me semble-t ’il, posé les bases d’une démocratie participative
et débattante, d’un humanisme politique visant l’intérêt général. Pour la
nouveauté de l’incitation, on y repassera.
À notre siècle, l’ignorance et la cupidité des classes matériellement dominantes continuent de graisser toute la mécanique sociale en recourant à la ruse de l’abêtissement massif des esprits et aux incitations à la haine.
À notre siècle, l’ignorance et la cupidité des classes matériellement dominantes continuent de graisser toute la mécanique sociale en recourant à la ruse de l’abêtissement massif des esprits et aux incitations à la haine.
Je reprends ma
lecture Camusienne.
« Le mal
qui est dans le monde vient presque toujours de l’ignorance, et la bonne
volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n’est pas
éclairée. »
Voilà qui me
sert de tremplin à la réflexion que j’ai nourrie une bonne partie de la journée,
et qui me tient encore en éveil, à savoir si les bonnes intentions admirables
et l’exigence d’une certaine expression généreuse de la reconnaissance sans
réel effet, sans efficacité signifiante, ou l’autre n’apparaît qu’en tant que
corollaire de validation de mon propre besoin exprimé de libération/soulagement,
ne constituent pas une seule et même honnête pensée égocentrée, issue d’une
vision très bourgeoisement étriquée.
Vivant en
circuit fermé, pris au piège dans notre petit monde étriqué, aucune réalité
commune, tant objective, que perçue, unique et uniforme, n’est possible. Une
même réalité sera perçue différemment par divers sujets, porteurs d’un vécu, d’une
histoire, d’une vision et d’un rapport au monde pouvant être radicalement opposés.
Néanmoins, seule l’expérience que nous avons de la réalité importe.
Nous sommes tous
des déchiffreurs et des validateurs du réel. Lorsque celui-ci est banal, hideux,
sordide ou cruel, il semblerait que nous ayons une tendance naturelle à l’enjoliver.
Devenons-nous des embellisseurs du réel pour nous en évader, nous le rendre plus vivable, nous le faire oublier, nous le faire accepter de façon immuable, nous donner bonne conscience socialement?
Devenons-nous des embellisseurs du réel pour nous en évader, nous le rendre plus vivable, nous le faire oublier, nous le faire accepter de façon immuable, nous donner bonne conscience socialement?
« Tiré de
cette longue conversation intérieure qu’il soutenait avec une ombre, il était
alors jeté sans transition au plus épais silence de la terre. Il n’avait eu le
temps de rien. »
Sournoise, la « forme »
me somme de désactiver mes circuits et d’éteindre les feux. On mettra quelques « négawatts »
au panier !
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