lundi 4 octobre 2010

J'ai revu les cahiers où je notais des choses
Sur les différentielles et la vie des mollusques
D'une écriture hachée; de longues phrases en prose
Qui n'ont guère plus de sens que des poteries étrusques.

J'ai retrouvé la gare et les lundis gelés
Où j'arrivais trop tard pour le train de sept heures;
Je marchais sur le quai, m'amusant à souffler
L'air chaud de ma poitrine. J'avais froid, j'avais peur.

Nous arrivons au monde épris de connaissance,
Et tout ce qui existe a le droit d'exister
À nos yeux. Nous pensons que chacun a sa chance.
Mais le samedi soir il faut vivre et lutter
Et déjà nous quittons les abords de l'enfance.

Nous quittons l'innocence du regard objectif,
Chaque chose a son prix qu'il faut déterminer
Les relations humaines entrelacent leurs motifs
Plus nous participons, plus nous sommes captifs;
Puis la lueur s'éteint. L'enfance est terminée.

in Poésie, de Michel Houellebecq

1 commentaire:

myra a dit…

merveilleux!!!!
bises