samedi 22 mai 2010

"LE PLUS HAUT POINT
DE LA RAISON EST-IL
DE CONSTATER
CE GLISSEMENT DU SOL
SOUS NOS PAS,
DE NOMMER
POMPEUSEMENT
INTERROGATION UN ÉTAT
DE STUPEUR CONTINUÉE,
RECHERCHER
UN CHEMINEMENT
EN CERCLE, ÊTRE CE QUI
N'EST JAMAIS
TOUT À FAIT? MAIS CETTE
DÉCEPTION EST CELLE
DU FAUX IMAGINAIRE,
QUI RÉCLAME UNE
POSITIVITÉ QUI COMBLE
EXACTEMENT SON VIDE.
C'EST LE REGRET
DE N'ÊTRE PAS TOUT.
REGRET QUI N'EST MÊME
PAS TOUT À FAIT FONDÉ.
CAR SI, NI EN PEINTURE,
NI MÊME AILLEURS,
NOUS NE POUVONS
ÉTABLIR UNE HIÉRARCHIE
DES CIVILISATIONS
NI PARLER DE PROGRÈS,
CE N'EST PAS QUE
QUELQUE DESTIN NOUS
RETIENNE EN ARRIÈRE,
C'EST PLUTÔT QU'EN
UN SENS LA PREMIÈRE
DES PEINTURES ALLAIT
JUSQU'AU FOND
DE L'AVENIR. SI NULLE
PEINTURE N'ACHÈVE
LA PEINTURE, SI MÊME
NULLE OEUVRE
NE S'ACHÈVE
ABSOLUMENT, CHAQUE
CRÉATION CHANGE,
ALTÈRE, ÉCLAIRE,
APPROFONDIT, CONFIRME,
EXALTE, RECRÉE
OU CRÉE D'AVANCE
TOUTES LES AUTRES.
SI LES CRÉATIONS
NE SONT PAS
UN ACQUIS, CE N'EST PAS
SEULEMENT QUE,
COMME TOUTES CHOSES,
ELLES PASSENT,
C'EST AUSSI QU'ELLES ONT
TOUTE LEUR VIE DEVANT
ELLES".

Merleau-Ponty, L'Oeil et l'Esprit, juillet-août 1960

1 commentaire:

myra a dit…

comme il a raison!!!!!
et j'suis contente que t'as mis ces lignes!