la tourmente d'hiver
à la fin s'abolit
dans le bruit de la mer
Gonsui
2020
Un bric à brac de sentiments courants et transfuges,
jonchant le sol, pêle-mêle, foulés aux pieds, sans états d'âme bien précis.
Une agence de spectacles sans affichage.
Un abonnement gratuit (une bonne âme m'a retenu des
places) pour une saison théâtrale permanente.
Endormie avant l'entracte, je n'entends jamais frapper
les trois coups.
L'ouvreuse me regarde de côté et m’assène:
“Allez donc vous installer au balcon, vous n'aurez pas
même besoin de lorgnettes!
Et surtout, n'oubliez pas les applaudissements à tout
rompre, claquez des mains et bissez! Faites une ovation et lancez des fleurs! Vos
trépignements sont hautement estimés! Les sifflets à contrario sont interdits, je vous avertis illico ! Sinon vous serez toisée , prendrez du bâton et retournerez au poulailler!"
Une salle de music-hall réduite à la sortie des
artistes.
Une baraque foraine remplie de femmes à barbe, un tour
de chant d’animaux savants et de dompteurs gugusses.
Un strip-tease de trapézistes contorsionnistes. Une
parodie de variétés, des avaleurs de sabres, un nain ventriloque faisant le
pitre et monsieur Loyal au milieu de la piste s’essayant au saut de la mort, un
tour de haute voltige sans filet, un mime tout droit sorti d’un jeu Capitolin,
un gladiateur perdu dans un vélodrome et une cavalcade de hussards et de
mameluks en patrouille, une course de chars déjantés, menée par Ben Hur qui s’égaille,
après quelques verres de Schnaps.
Un combat de coqs jongleurs, un récital dans la
ménagerie, un spectacle son et lumière pour guignols et funambules assis sur
leurs strapontins, une arène de marionnettes exécutant une danse folklorique,
un caveau night-club avec des lutteurs magiciens, des chansonniers acrobates assistant
à un match de foot sans public.
Une bacchanale avec des bagnards à poil badigeonnés de
mercure au chrome et des badauds balafrés, bâillant magistralement. C’est quoi
cette bamboula?!
Une baignoire pédiluve pour un bain de bouche
sinapisé. Un ballon sonde défaillant, échoué
sur la banquise, en quête de bank-notes.
Un concupiscent Décrochez-moi ça de bric et de broc magistralement
décevant .
Un maestro très décrié, affublé d’une hermine seyante,
déguisé en prytane crapuleux!
Une roue géante, grinçante d'émotions fortes, tombée
en panne à mi-parcours, avec des fêtards éméchés s’ébattant, suspendus et gigotant
les pieds ballants, et s’avouant repentis.
Une débandade téléguidée extra-muros. Une explosion prolongée
de coton-poudre et de propane.
Le débordement d’un remugle malséant pour les estomacs
d’autruche, une tempête de cris et d’avertissements intempestifs, programmés en
arrière-plan, menaçant les renégats.
Le prologue de l’expiation par vagues successives, en mode
self-service d’aigreur, d’abandon, d’abrutissement, de défaite, de désistement,
de renoncement, d’anéantissement, d’affaissement, d’abêtissement, de
consternation, de résignation, de
lâchage, d’égarement, d’épanchement, de
dérèglement, d’énervation, de vulgarité, d’engourdissement, d’épuisement, d'étourdissement, de frénésie, de tournis, de vomissement, d'hébétude,
d'esseulement et puis s’acoquinant avec acharnement et âpreté les signes
avant-coureurs d’une autoplastie ... une
corruption du goût, cet enflure! Le Néant
en ex-voto!