mardi 16 juin 2020

Log book # 85




« Je sais mieux que personne à quoi m’en tenir sur mes propres desseins. »

George Sand

J’ai de tout temps détesté au plus haut point les « bien-pensants », « tous ces gens bien intentionnés » comme le chantait Brassens dans l’Auvergnat. 
Je préfère de loin les oisifs, les contemplatifs et aussi les gens simples, ceux qui pratiquent inoffensivement l’idylle rustique.
Maintenant que je suis moi-même devenue oisive, je peux affirmer sans ambages que j’ai inauguré un nouveau cycle dans ma vie et que j’aspire aussi à devenir rustique.
Mes erreurs passées, grâce à Dieu ou au Diable, ne s’étendront pas au-delà du Prologue et des premiers chapitres de mon existence et je tremble quand je pense à la responsabilité inhérente de m’afficher comme une mutante.
À chaque jour qui passe, j’assiste ébahie à ma propre mue et je ressens un frisson d’émerveillement. Je me suis avec peine, mais avec grande efficacité, affranchie de toutes les influences néfastes qui m’avilissaient et je m’évertue à suivre à la lettre mon « nouvel évangile », ma nouvelle vision du monde. J’ai mis mon ancien « moi », hors d’état de nuire. Je quitte la route pour arpenter librement les sentiers battus.
Oui, je conviens que mes détracteurs pourront dire que ce n’est là que mon dernier dada dont je me lasserai sous peu… Il est naturel qu’on m’accuse aussi de naïveté et d’un idéalisme béat.
J’aspire profondément à cette douceur de vivre des campagnes, à ce calme profond, à cette riante sérénité, au chant de la Nature, à ce pays de rêve et de joie, fait de ciel, de champs et d’arbres.
En réalité, je ne désire rien de neuf ni même d’original. Je dévale tout bonnement la pente, qui ramène l’être désabusé, de la civilisation aux charmes de la vie champêtre et primordiale.
Est-ce une idée naïve ou le rêve d’un rêve ?
Le fait est que ce rêve grandit en moi comme quelque chose de vague et d’obsédant et remplace idéalement toutes mes angoisses.
Je voudrais sentir le beau et m’approprier un style, un art d’écrire bucolique qui peint en peu de mots, sans chercher à amplifier ni à déguiser à travers de vaines fioritures.
Je n’aspire plus qu’à une chose dans ma vie : revenir à mon âme primitive, à mon être rustique.
J’espère y trouver mon compte.





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