« Il y
a en moi, une jeune fille qui refuse de mourir. »
Tove Ditlevsen
Il m’en coûte
actuellement beaucoup d’être un simple être humain.
Ma déchéance
physique s’accentuant, je ne me regarde presque plus dans la glace et lorsque
cela m’arrive encore, je vois l’envers de moi-même et j’en ressens une profonde
tristesse, proche du désarroi.
Je ne me sens
même plus une femme. Bien sûr, je passe sous le silence la plupart de mes émotions,
car les dévoiler serait douloureusement au-dessus de mes forces.
Ma réalité,
depuis la fin de l’année passée, est faite de beaucoup de choses, mais surtout
d’attente. Attente des résultats des examens prescrits, attente d’un diagnostic
définitif, attente de traitements, attente d’une intervention, attente d’une
convalescence, attente d’une rémission. Et comme si cette attente n’était pas
assez lourde déjà, attente de la fin de cette maudite pandémie.
Confinée chez
moi, depuis trois mois maintenant, je scrute souvent la nuit de ma fenêtre,
avant de fermer les volets – et je ne peux qu’admettre rageusement que l’attente
s’éternise.
J’essaye de me
donner un sentiment de sécurité et de bien-être, et parfois j’y parviens pour
quelques instants, le reste du temps, je vis dans les limbes, telle une âme en
peine, comme un pâle fantôme.
Quand j’étais
enfant, j’avais une peur irraisonnée du noir. Les recoins obscurs de ma chambre
étaient autant de menaces à mon intégrité physique.
J’étais terrifiée,
chaque soir, par le danger de m’endormir et d’être attaquée par une chose
cachée, dans les ténèbres de la nuit.
J’avais aussi
très peur d’être laissée seule. La solitude était déjà là, bien enracinée à l’intérieur
de moi.
Je me sentais, en
permanence, exclue de quelque chose de vital quand j’étais livrée à moi-même –
un avant-goût du sentiment de délaissement qui ne m’a jamais laissé respirer
profondément. Le sens de l’abandon - un échec complet qui aura gâché tous les
plaisirs de mon existence.
Chaque jour, je
m’efforce de faire avancer ce récit, mais je sens que je suis gagnée par une
profonde lassitude.
J’ai tout mon
temps pour écrire. Je n’ai que cela, d’ailleurs, du temps! Et pourtant le
découragement et l’exaspération commencent à bouillir en moi, car je voudrais
faire mille autre choses plutôt qu’écrire.
Je ne parviens
pas à me libérer des pensées incessantes qui me transportent autour du monde et
en moi-même. Je ne parviens pas à me concentrer comme je le souhaiterai.
Je repense
maintenant à cette phrase que j’ai lue, qui provient certainement d’un gourou
du développement personnel, publiée sur une quelconque page des réseaux sociaux…
« Je
peux me libérer à volonté, être mon propre créateur et mon propre guide. Ma croissance
et mon développement dépendent de ce que j’ai choisi ou éliminé dans la vie. En
moi-même sont les semences de ma future existence. »
C’est tout un programme !
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