« Je te demande
un peu d’attention. Vois : afin de mieux te livrer à la Mort, faire qu’elle
t’habite avec la plus rigoureuse exactitude, il faudra te garder en parfaite
santé. Le moindre malaise te restituerait à notre vie. Surveille ta santé. »
Le funambule,
Jean Genet
Debussy était un
musicien poète. « Les musiciens qui ne comprennent rien aux vers, ne
devraient pas mettre en musique ».
Alors que
vais-je mettre en musique aujourd’hui ?
Je pourrais
commencer par écrire qu’aujourd’hui je me sens légèrement mieux, moins fatiguée
et plus réactive.
Dehors, le
soleil est au beau fixe. Cela contribue certainement à mon humeur. Mais tout
ceci est faux.
Je commencerai
donc autrement. Comme il est évident, je ne peux pas me plaindre d’être malheureuse,
car je ne manque de rien. Du point de vue matériel, s’entend.
Je mange à ma
faim. J’ai un lit où me coucher et un toit au-dessus de ma tête. Je suis du bon
côté de l’échelle sociale, à un bon endroit de la planète, en n’y regardant pas
de trop près.
Il est vrai que
je devrais me réjouir et être reconnaissante à l’Univers de ces simples dons. Mais
voilà, je suis par nature très exigeante avec la vie et rien ne me semble
jamais être assez. Tout prend un goût profond d’imperfection et d’insuffisance.
Tout devient
vieux, usé,
plus rien ne me
distrait ou m’intéresse vraiment.
Je perds la
mémoire de tout.
Je ne mets plus
rien en musique.
Le Silence règne
en maître.
Le spleen me gagne.
Je ne sais plus
quand je pourrais
récupérer le
goût et la mémoire des choses
et respirer à
pleins poumons.
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