mardi 2 juin 2020

Log book # 74




«  Je te demande un peu d’attention. Vois : afin de mieux te livrer à la Mort, faire qu’elle t’habite avec la plus rigoureuse exactitude, il faudra te garder en parfaite santé. Le moindre malaise te restituerait à notre vie. Surveille ta santé. »

Le funambule, Jean Genet

Debussy était un musicien poète. « Les musiciens qui ne comprennent rien aux vers, ne devraient pas mettre en musique ».
Alors que vais-je mettre en musique aujourd’hui ?
Je pourrais commencer par écrire qu’aujourd’hui je me sens légèrement mieux, moins fatiguée et plus réactive.
Dehors, le soleil est au beau fixe. Cela contribue certainement à mon humeur. Mais tout ceci est faux.
Je commencerai donc autrement. Comme il est évident, je ne peux pas me plaindre d’être malheureuse, car je ne manque de rien. Du point de vue matériel, s’entend.
Je mange à ma faim. J’ai un lit où me coucher et un toit au-dessus de ma tête. Je suis du bon côté de l’échelle sociale, à un bon endroit de la planète, en n’y regardant pas de trop près.
Il est vrai que je devrais me réjouir et être reconnaissante à l’Univers de ces simples dons. Mais voilà, je suis par nature très exigeante avec la vie et rien ne me semble jamais être assez. Tout prend un goût profond d’imperfection et d’insuffisance.

Tout devient vieux, usé,
plus rien ne me distrait ou m’intéresse vraiment. 
Je perds la mémoire de tout.
Je ne mets plus rien en musique.
Le Silence règne en maître.
Le spleen me gagne.
Je ne sais plus quand je pourrais
récupérer le goût et la mémoire des choses
et respirer à pleins poumons.


Aucun commentaire: