« Si l’on n’y
veille, toutes les histoires d’amour finissent à la poubelle. »
Écrit la
nuit, Le livre interdit, Ettore Sottsass
Après deux mois
de confinement et une crise sanitaire inédite, quid des relations amoureuses ?
Comment se vit l’amour au temps du coronavirus ?
Notre quotidien
et notre intimité ont sans aucun doute souffert du confinement. Ceux qui vivent
en couple ont fait l’expérience d’une proximité constante ou dans certains cas
d’une relation à distance. Les célibataires se seront probablement contentés de
flirts virtuels.
La privation du
monde social a pu être une épreuve compliquée pour certains, une parenthèse
éventuellement appréciée par d’autres.
Comment la
pandémie a-t ’elle changé nos relations amoureuses ? Comment peut-on s’aimer
dans l’isolement et l’attente ? À quoi ressembleront les rencontres
post-confinement ?
Eva Illouz,
sociologue et auteure de « La fin de l’amour, enquête sur un désarroi
contemporain », paru aux Éditions Seuil, nous dit à ce propos :
« Cette
crise a un caractère paradoxal puisqu’il s’agit d’une crise qui a été gérée de
l’intérieur de la sphère du privé et de l’intime. L’intime a joué un rôle qu’il
n’avait peut-être jamais joué dans nos temps modernes. »
En temps normal,
l’intime suppose « l’équilibre entre l’absence et la présence. Et là, l’intimité
n’a pas été soutenue par le monde extérieur. »
La philosophe
Hannah Arendt était elle très inspirée par Aristote, pour qui la sphère
publique et la sphère privée respectent un ordre hiérarchique. Pour eux, la
sphère privée est nécessaire mais elle est inférieure à la sphère publique qui
est celle qui permet de décider des actions de la société. Et cette crise a été
comme une vaste expérience faite sur des milliards de gens.
Et elle a donné
raison à Arendt. « Le foyer n’a de sens que s’il est sous-tendu d’un monde
public. Un foyer sans contact avec le monde extérieur devient inintéressant ou
opprimant. »
« Pour les
familles conventionnelles, la crise a mis en relief des choses plus floues. Le confinement
a eu pour effet de faire en sorte que les hommes et les femmes, d’ordinaire
séparés durant le travail, se sont retrouvés enfermés ensemble et ça a exacerbé
certaines tensions dans leurs foyers. Les violences conjugales ont été plus
nombreuses.
Et on a vu des
files d’attente très longues, en Chine, devant les tribunaux, car de nombreux
couples voulaient divorcer après le confinement. Ces divorces sont l’illustration
qu’une intimité prolongée n’est pas une bonne manière de vivre le couple. »
(Eva Illouz)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire