samedi 16 mai 2020

Log book # 57




« Stando ancora a letto, fantasticavo (…) Avrei potuto cucinarmi qualcosa da solo. Lavorare qualche ora a preparare un manicaretto mi distende. Per esempio delle côte de veau  Foyot : carne spessa almeno quattro centimetri, porzione per due s’intende, due cipolle di taglia media, cinquanta grammi di mollina di pane, settantacinque di groviera grattugiato, cinquanta di burro, si passa la mollina sino a farne del pangrattato che va mescolato col groviera, poi si pelano e si tritano le cipolle, si fanno fondere quaranta  grammi di burro in una piccola casseruola mentre in un’altra fonderanno dolcemente le cipolle con il burro rimasto, si ricopre il fondo di un pianto con la metà delle cipolle, si condisce la carne  con sale e pepe, la si pone nel piatto e se ne guarisce un lato con il resto delle cipolle, si copre il tutto con un primo strato di mollica al formaggio facendo aderire bene la carne al fondo del piatto, lasciandovi colare il burro fuso e schiacciando leggermente con la mano, si rimette un altro strato di mollica sino a formare una sorta di cupola e aggiungendo del burro fuso, si cosparge tutto di vino branco e di brodo, senza sorpassare della metà l’altezza della carne. Si mette tutto al forno per circa mezz’ora, continuando a inumidire con vino e brodo. Condire con cavolfiore saltato.
Porta via un poco di tempo, ma il piaceri della cucina iniziano prima dei piaceri del palato e preparare vuol dire pregustare, come stavo facendo, ancora crogliandomi nel letto. Gli stolti hanno bisogna di tenersi sotto le coperte una donna, o un ragazzino, per non sentirsi soli. Non sanno que l’acquolina in bocca à meglio di un’erezione. »

Il Cimitero di Praga, Umberto Eco

La cuisine est la base de tout. Ne dit-on pas : « Je mange, donc je suis. » Un lieu/un lien social, un fait culturel majeur : affectif, intime, anthropologique, économique, écologique… Plaisir et partage dans le meilleur des cas, mais aussi enjeu de santé et affaire de responsabilité. Cela n’a jamais été aussi vrai que maintenant avec la pandémie et le confinement.
Caroline Broné fait un petit inventaire de l’alimentation confinée. Qu’est-ce qui a changé dans nos pratiques alimentaires pendant ces deux mois et qu’est-ce qui va en rester ?
Des études sont en cours et les premiers chiffres ne décrivent que des tendances…
Selon différents organismes de recherche et autres sondages récents compilés : 42% des français interrogés auraient consacré plus de temps à la préparation des repas ; 1/3 des répondants ont privilégié le fait maison ; 45% des français se sont davantage tournés vers les produits d’origine française ; 37% vers les circuits courts, ils sont même 53% à avoir favorisé les ventes directes auprès des producteurs. Enfin 56% disent vouloir manger désormais plus sainement.

« Tous les légumes, – au clair de lune – étaient en train de s’amuser – et les passants les regardaient – les cornichons – dansaient en rond – les salsifis – dansaient sans bruit… »

C’est ce qu’on appelle les bonnes résolutions. Et en dernier : les Français auraient pris en moyenne 2,5 kg depuis le 17 mars…
« Sans doute, avons-nous redécouvert la valeur vitale de l’alimentation » dit le sociologue Eric Birlouez.
« Alors que décennies après décennies, manger a perdu de sa valeur. Sa valeur économique, tout d’abord, car nous dépensions de moins en moins pour notre alimentation. Mais aussi sa valeur humaine car nous avons oublié que des gens travaillent pour produire notre nourriture, pendant ces deux mois, nous n’avons jamais autant parlé des caissières de supermarché, des chauffeurs livreurs, des producteurs agricoles ou des éboueurs qui ramassent nos déchets alimentaires. Tout à coup, la dimension humaine de la chaîne alimentaire nous est réapparue. »

Par ailleurs, cette crise est venue ainsi confirmer des tendances lourdes, comme la fracture alimentaire. Avec d’un côté des consommateurs qui avaient privilégié le bio (les ventes ont manifestement explosé) , découvert ou redécouvert le local, des individus qui se sont mis à la cuisine et de l’autre des gens en réelle insécurité dès lors que leurs enfants n’ont plus accès à la cantine ou qu’eux ont perdu leur emploi et qui se ruent sur le prêt à manger.
Ce qui ressort de ce bilan d’étape sur l’alimentation au temps du coronavirus, c’est avant tout que le confinement a été l’occasion d’une vaste remise en question et d’une réflexion.
Qu’est-ce que manger ? Comment se nourrit-on ? Comment retrouver votre souveraineté alimentaire et redonner du poids aux paysans ? Faut-il créer « un droit universel à l’alimentation » sur le modèle de la sécurité sociale ?
La cuisine a repris une place centrale dans nos vies et beaucoup d’entre nous ont redécouvert le sens du lien entre la terre et la casserole.
La question désormais est de savoir ce qui va rester de tout cela.

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