samedi 2 mai 2020

Log book # 45




L’existence s’écoule désormais avec une lenteur inusitée. 
Rien ne sert de se hâter, la sagesse réside dans l’apprentissage de la lenteur.
Le mutisme aussi. Il est devenu assourdissant. Il ressemble étrangement au silence qui règne dans les forêts primitives.
La pluie n’a pas cessé de tomber depuis des jours ! Mais le soleil pointe son nez de nouveau. La température va grimper. Voilà, on en arrive à penser qu'une conversation sur le temps est ce qui fera la différence dans nos vies.
Avant, je n’étais satisfaite de rien. Chaque joie m’en faisait désirer une autre. Aujourd’hui, je suis lassée de tout.
J’ai déjà aussi cru en l’amitié, je sais maintenant que ce n’est pas si simple. L’amitié est dure à obtenir et il faut y faire face, elle ne sert pas à grand-chose. Vos amis ne vous téléphonent pas, tous les soirs, pour savoir si c’est ce soir-là que vous avez décidé de vous suicider. Non, ils vous téléphonent le soir où vous n’êtes pas seule et où la vie vous semble belle.
Certains amis vous pousseraient même au suicide, tellement ils sont inconvenants et importuns.
Quant à ceux qui doivent nous aimer, c’est encore une autre chanson !
Ceux-là ont toujours le mot qu’il faut ou plutôt la balle qu’il faut. Ils tirent à bout portant. Ils visent le cœur. Et ils visent juste ! Ça ne rate jamais !
Aimons-nous assez la vie pour continuer à la vivre ou nous ennuyons-nous à mort, en attendant que quelque chose arrive ?
Ça fait aujourd’hui 50 jours que je vis cloîtrée dans mon trois pièces, avec mes deux chats.
Je me suis encore éveillée au beau milieu de la nuit et j’ai l’impression très nette que je me suis avalée et que je m’observe de l’intérieur. Je vieillis et je me recouvre d’une couche de silence, de jour en jour plus épaisse.
Je suis épuisée autant physiquement que mentalement. Je suis parvenue au bout de mes forces, comme un objet cassé, une chose disloquée qu’on ne peut plus sauver, jonchée sur le sol, abandonnée.
Le printemps resplendit avec une vigueur renouvelée. 
Il fait néanmoins frais dehors et la nuit est noire. 
J’entends la mer de mon balcon.



Aucun commentaire: