Rire ? Se
soucie-t ’on assez de rire ? Rire vraiment, au-delà de la plaisanterie, de
la moquerie, du ridicule. Rire. Simple jouissance.
Pourrait-on par
ces temps difficiles jouer à rire ? Rires forcés. Rires ridicules. Rires
si ridicules qu’ils nous entraînent à rire délicieusement sans motif. Le vrai
rire. Le rire entier qui nous emporte dans son déferlement inconséquent,
immense et délicieux. Rires éclatés. Rires déchaînés. Rires magnifiques. Fous
rires. Rire à l’infini du rire de nos rires. Rire. Un manifeste mystique de la
joie !
Ne pas s’aliéner
à sa propre essence animale, manger, boire, uriner, déféquer. Tout devient
jouissance par le rire. Toucher, entendre, être là, se plonger dans l’eau,
regarder le ciel, les fleurs, pleurer et rire ! Danser aussi, dans une
ronde. Aller jusqu’au bout de la jouissance. Rire, comble extrême de la
jouissance. Se réjouir d’être. Rire sans souvenir et sans désir. Rire pour
échapper à l’encerclement, au confinement.
J’ai ouvert,
hier, au hasard, rien que pour le flairer un peu le bouquin Rhinocéros qui est
une pièce de théâtre, d’Eugène Ionesco, dont les personnages, possédés du désir d’être
semblables l’un à l’autre, se changent tour à tour en rhinocéros. Je suis
tombée sur ce passage, assez hilarant :
« Le
logicien, au vieux monsieur : Prenez une feuille de papier, calculez. On enlève
deux pattes aux deux chats, combien de pattes restera-t ’il à chaque chat ? »
« Le vieux
monsieur, au logicien : il y a plusieurs solutions possibles. Un chat peut
avoir quatre pattes, l’autre deux. Il peut y avoir un chat à cinq pattes et un
autre chat à une patte. En enlevant les deux pattes, sur huit, des deux chats,
nous pouvons avoir un chat à six pattes et un chat sans pattes du tout. »
Un rire
forcé, ridicule, si ridicule que l’on ne peut faire autrement qu’en rire. Puis,
vient le vrai rire. Un rire éclaté, bousculé, débridé, repris. Une explosion de
rire, magnifique, somptueuse et folle. Rire de son rire jusqu’à l’infini du rire!
Oh rire ! Quelle jouissance !
Rire pour combler dans son crâne le cri du vide qui se révolte.
Mourir dans le tournoiement de la ronde.
Mourir de rire!
S’introduire frénétiquement dans l’interstice du néant.
Oh rire ! Quelle jouissance !
Rire pour combler dans son crâne le cri du vide qui se révolte.
Mourir dans le tournoiement de la ronde.
Mourir de rire!
S’introduire frénétiquement dans l’interstice du néant.
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