Au mois de décembre de l’année du Seigneur 2019, les gens de la Province Chinoise du Wuhan tombèrent gravement malades,
atteints par un coronavirus meurtrier, le COVID-19. Puis, ce virus se propagea au monde entier et les gens sucombèrent par millions.
Mon frère et
moi avons pu échapper à cette pandémie et à la troisième guerre mondiale qui s’ensuivit.
Nous sommes pour ainsi dire les témoins vivants de cette époque.
Ce fut un grand
tournant dans l’Histoire de la Planète Terre. Un moment fatidique comme il y en
a un ou deux par millénaire.
Tous les
enfants connaissent plus ou moins cette période de notre Histoire révolue pour
l’avoir vu reproduite, en des milliers d’images sur la Toile, dans les manuels
scolaires électroniques ou dans nos musées virtuels. La même chose se passe
avec l’Holocauste, qui a eu lieu au siècle passé, sur la planète où je suis né.
La plupart de mes concitoyens, sur notre planète de résidence actuelle – Mars, se demandent même si une telle horreur a pu réellement se produire. C’est ce qu’on appelle, de nos jours, la lutte de la mémoire contre l’oubli.
La plupart de mes concitoyens, sur notre planète de résidence actuelle – Mars, se demandent même si une telle horreur a pu réellement se produire. C’est ce qu’on appelle, de nos jours, la lutte de la mémoire contre l’oubli.
Est-il vraiment
possible que cela ait eu lieu ? me demande-t ’on souvent. Cela a vraiment eu
lieu, mais je dois vous avouer que le souvenir que j’en garde, dans ma mémoire,
au fil du temps, s’estompe et le rend presque invraisemblable.
Je suppose
que tous les souvenirs sont comme ça. Ils planent quelque part dans les airs.
Tout ce dont je me rappelle de cette époque lointaine de ma vie sur Terre, c’est que nous menâmes, durant de longs mois, lors du Grand Confinement, une vie hors du commun.
La moitié de la planète était, en effet, confinée pour éviter la propagation du virus, l’autre moitié essayait de produire et de continuer à alimenter la population mondiale.
Mais tout commençât, très vite, à aller mal. Les économies des pays ont été rapidement ruinées et se sont effondrées, les unes après les autres, comme un château de cartes. Les dictateurs de tout acabit ont, rapidement, fait main mise sur tout ce qu’ils avaient convoité, mais jamais osé approcher, et ont exercé un large chantage sur les autres nations, qui avaient désespérément besoin d’être approvisionnées, notamment en denrées alimentaires.
Tout ce dont je me rappelle de cette époque lointaine de ma vie sur Terre, c’est que nous menâmes, durant de longs mois, lors du Grand Confinement, une vie hors du commun.
La moitié de la planète était, en effet, confinée pour éviter la propagation du virus, l’autre moitié essayait de produire et de continuer à alimenter la population mondiale.
Mais tout commençât, très vite, à aller mal. Les économies des pays ont été rapidement ruinées et se sont effondrées, les unes après les autres, comme un château de cartes. Les dictateurs de tout acabit ont, rapidement, fait main mise sur tout ce qu’ils avaient convoité, mais jamais osé approcher, et ont exercé un large chantage sur les autres nations, qui avaient désespérément besoin d’être approvisionnées, notamment en denrées alimentaires.
Puis, l’impensable,
arriva.
Une guerre
civile éclata aux Etats-Unis, puis au Brésil, avec des populations armées jusqu'aux dents et prêtes à tout. La Russie envahit, en une nuit, les
pays Baltes et se préparait ouvertement à la reconquête de tous les anciens
états de l’ancien giron soviétique.
En Asie, la
Corée du Nord lança une bombe atomique sur la Corée du Sud et une autre sur le
Japon. L’Union Européenne s’écroula et fut démantelée, en l’espace d’une semaine,
laissant les 27 États membres livrés à eux-mêmes.
Tout ceci était d'autant plus surprenant que, jusque-là le cours de l’Histoire semblait évoluer en vitesse de croisière, le monde s’étant passablement rétabli de la Grande
Crise financière de 2008.
Ces événements inattendus s’inscrivirent, dans nos mémoires, comme la 3e Guerre Mondiale, qui s’ensuivit au Grand Confinement, et qui fut véritablement la toile de fond, devant laquelle, la banalité de nos vies privées déroulait son spectacle captivant.
Ces événements inattendus s’inscrivirent, dans nos mémoires, comme la 3e Guerre Mondiale, qui s’ensuivit au Grand Confinement, et qui fut véritablement la toile de fond, devant laquelle, la banalité de nos vies privées déroulait son spectacle captivant.
Aujourd’hui,
le temps avance, pour moi, à grands pas, mais je me souviens que, durant cet
événement historique, le temps était suspendu et la planète Terre fut mise à l’arrêt, pour de longs mois, provoquant de la sorte une rupture totale des systèmes
économiques nationaux, les uns après les autres, frappant durement les
populations les plus vulnérables et les plus pauvres.
La production
agricole collapsa très vite, par faute de main d’œuvre et les biens de première
nécessité vinrent à manquer, au bout de quelques mois, provoquant des
manifestations violentes, puis des émeutes sanglantes, qui furent violemment
réprimées.
Les pouvoirs publics et les forces policières et de l’armée n’étaient plus à même d’endiguer ce flot de mécontentement et de violence meurtrière.
Les pouvoirs publics et les forces policières et de l’armée n’étaient plus à même d’endiguer ce flot de mécontentement et de violence meurtrière.
Des guerres
civiles éclatèrent d’abord aux EUA, puis au Brésil, puis un peu partout. Des
milices populaires, armées jusqu’aux dents, tiraient, arbitrairement, sur tout ceux
qui leur semblaient potentiellement suspects.
Les cadavres
étaient laissés à l’abandon, dans les rues, à la merci des charognards et autres
animaux qui avaient envahi les villes. Puis ce qu’il en restait, était retiré par
les équipes sanitaires de l’armée et enseveli, sans aucune indentification, dans
des fosses communes, aspergées de chaux.
Ces foyers de
conflits se multiplièrent et se répandirent à l’échelle planétaire.
Le monde était allumé comme une poudrière gigantesque et très vite, la 3e Guerre Mondiale éclata, à la suite du lancement des bombes atomiques, par la Corée du Nord.
Le monde était allumé comme une poudrière gigantesque et très vite, la 3e Guerre Mondiale éclata, à la suite du lancement des bombes atomiques, par la Corée du Nord.
Les velléités
belligérantes et les alliances, de toujours, éclatèrent au grand jour. Chaque petit
despote, dans son coin, avait fini par déclencher sa propre petite guerre et l’irréparable
avait eu lieu.
En ces jours
lointains, sur la Planète Terre, nous vivions avec notre mère malade, dans une
solitude coquette de confinés privilégiés.
Nous ne
manquions, au début, de rien, car il y avait suffisamment d’argent pour acheter
les fruits et les légumes les plus frais, la viande et le poisson en quantité
suffisante; toutes les denrées alimentaires nécessaires à une bonne alimentation, destinée à nous conserver en bonne santé, jusqu’au retour escompté à la
normalité. Notre mère y veillait avec le plus grand zèle.
La plupart du
temps, les événements historiques s’imitent les uns les autres, sans grande
innovation, mais il me semble qu’avec le Grand Confinement, l’Histoire a mis en
scène une situation jamais expérimentée auparavant.
La Russie
avec, à sa tête, le grand Tsar Poutine ne pouvait tolérer la chute de l’UE et
les risques d’éclosion de guerres civiles, dans les pays voisins de sa chère
Russie et décida d’avancer, avec un nouveau Blitzkrieg, sur les anciens territoires des états
périphériques, qui avaient autrefois constitué la grande URSS.
Il commença par déployer, sur les pays Baltes, une armée d’un million d’hommes, provoquant un exode massif des populations apeurées et menacées, ce qui déborda totalement les services de contrôle frontaliers de l’ancienne UE et fit réapparaître de nouveaux foyers d’infection au COVID-19, dans des régions qui avaient été déclarées sanitairement exemptes de la présence du coronavirus. Les populations locales se révoltaient et pourchassaient impitoyablement les nouveaux arrivés, pour les faire fuir, et beaucoup de cadavres jonchaient les rues et les places des villes et des villages, dans l’Europe entière, dans le monde entier.
Ces images intolérables, que j’ai si longtemps refoulées, au fin fond de ma mémoire, reviennent maintenant comme un hideux diaporama.
Il commença par déployer, sur les pays Baltes, une armée d’un million d’hommes, provoquant un exode massif des populations apeurées et menacées, ce qui déborda totalement les services de contrôle frontaliers de l’ancienne UE et fit réapparaître de nouveaux foyers d’infection au COVID-19, dans des régions qui avaient été déclarées sanitairement exemptes de la présence du coronavirus. Les populations locales se révoltaient et pourchassaient impitoyablement les nouveaux arrivés, pour les faire fuir, et beaucoup de cadavres jonchaient les rues et les places des villes et des villages, dans l’Europe entière, dans le monde entier.
Ces images intolérables, que j’ai si longtemps refoulées, au fin fond de ma mémoire, reviennent maintenant comme un hideux diaporama.
Un beau matin
d’août, nous fûmes réveillés, en sursaut, par l’épouvantable vacarme d’avions de
combat qui survolaient notre pays.
Nous sortîmes dans la rue en courant et des voisins affolés criaient que nous aussi, nous étions sur le point d’être envahis.
Nous sortîmes dans la rue en courant et des voisins affolés criaient que nous aussi, nous étions sur le point d’être envahis.
En ce
temps-là, moi et mon frère jumeau, nous avions encore la peau couverte d’acné
juvénile et nous avions le sentiment de ressembler aux personnages des tableaux
héroïques, un peu paumés, mais courageux au point de pouvoir en perdre la vie,
surtout s’il s’agissait de protéger notre mère.
L’espace du
monde était devenu quelque chose d’absurdement négatif, une perte de temps, un
obstacle qui freinait tous nos rêves et nos activités. Nous le vivions très mal.
Je me sens
aujourd’hui infiniment las, assailli de nouveau par toute l’absurdité ridicule
de cette époque de ma vie.
Un désir inassouvi
me prend, subitement, d’étendre le bras dans mon passé et d’y frapper du poing,
de lacérer au couteau ce piètre tableau de ma jeunesse.
Je me sens
infiniment fatigué. J’entends au loin le bruit d’un train en circulation, puis
la manivelle manuelle d’un passage à niveau.
Des remous de
ma mémoire agitée, me vient l’image de notre évasion. Nous nous échappâmes,
pendant la nuit, mon frère, ma mère et moi, en voiture, pour aller rejoindre
nos grands-parents à la campagne.
Ce fût un interminable voyage sous le vrombissement menaçant des avions de combat qui survolaient inlassablement le pays. Nous avions tout juste assez de carburant pour parvenir à destination et la peur nous secouait à la seule idée que des routes pouvaient être coupées ou déviées. Il n’y avait plus aucune chaîne de télévision ou de radio en fonctionnement, le monde était en blackout absolu.
Ce fût un interminable voyage sous le vrombissement menaçant des avions de combat qui survolaient inlassablement le pays. Nous avions tout juste assez de carburant pour parvenir à destination et la peur nous secouait à la seule idée que des routes pouvaient être coupées ou déviées. Il n’y avait plus aucune chaîne de télévision ou de radio en fonctionnement, le monde était en blackout absolu.
De cette
époque, que j’essaie depuis toujours d’enfouir, dans les oubliettes de ma mémoire, il
me vient, maintenant que je la convoque, l’image de la maisonnette basse et
blanche, avec une clôture en bois, dans un village de montagne – il s’agit de
la ferme de mes grands-parents. C’est une des photographies-souvenir de mon
ancienne vie. Un passé plein de vie et de joie, jusqu’à ce que se produisent
ces événement funestes.
C’est là que
nous trouvâmes refuge et nourriture, à un moment de nos existences où l’avenir
n’était plus qu’un vide indifférent, qui n’intéressait plus personne. Seule la
survie, la vie au jour le jour avait valeur à nos yeux.
Ce moment
douloureux de notre vie, et tous les êtres chers qui l’ont peuplé, disparaît désormais
comme un cortège qui s’éloigne dans le brouillard.
Le roman de
ma vie est peuplé d’êtres invisibles et oubliés. Je voudrais effacer de ma
mémoire, à tout jamais, le choc et l’effroi , toute la douleur, la souffrance et la solitude et
revenir au bonheur idyllique de notre enfance.
Notre mère s’en
est vite allée dans un monde différent. En promenade, il fallait, vers la fin,
la tenir par le bras, chacun d’un côté, et littéralement la porter sinon le
vent l’aurait balayée.
Nous sentions
avec émotion, dans nos mains, son poids dérisoire et nous comprenions qu'elle appartenait désormais au royaume des créatures plus petites, plus légères
et facilement soufflées par la bourrasque. Ses derniers mois d’existence étaient
comme un lent processus de rétrécissement.
Elle avait
entamé le long voyage à travers la maladie et la mort. Elle cheminait vers les
lointains, vers le néant sans dimensions. Elle était devenue la musicienne du
Grand Silence. Rien ne servait d’essayer d’abolir la Chronologie et de se
révolter contre le Temps.
Il fallait
juste la porter jusqu’au dernier moment.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire