samedi 18 avril 2020

Log book # 32



«Gran trabajo dio hacer comprender que no existe esa especie de patio interior dentro de nosotros. Lo que existe es que era extraordinariamente cómodo el imaginar una especie de receptáculo en el que se iban depositando imágenes y recuerdos.
¡Cómo! ¿No somos entonces como una vasija que contiene un líquido precioso? No. Entonces, cuando tememos haber perdido un recuerdo, ¿dónde buscarlo?
Pues volviendo la mirada hacia el pasado, hacia donde estaba, hacia donde está. Sí, está allí, fuera de nosotros, tal como estaba, tal como estará siempre.
Allí está aquella mirada tranquila y alegre, allí suena aquella voz con sus inflexiones tan proprias. Todo eso es tan absolutamente real como estos trazos, que están también volviéndose pasado a medida que se fijan en el papel. No necesitan otro mundo ni un mundo interior. Reales, firmísimos. No un fantasma invisible, no una huella borrosa en la memoria.»

Circe María,  Destrucciones en Transparencias, 1986, Antología Poética



Les pensées noires, les idées mauvaises, les tentations, les manies, les obsessions, les peurs, les soupçons, toute une armada de malfrats silencieux qui vient nous assaillir, de temps à autre, pour nous damner.
Notre esprit est leur forteresse à conquérir, leur royaume et leur rêve. C’est là qu’ils se bousculent au portillon.
Ils sont derrière nous, ils suivent nos pas, sournoisement, puis, le moment venu, si telle est leur envie, ils entrent en nous, sans crier gare, à notre insu, en catimini, par les oreilles, par le nez, par la bouche, par les yeux et on ne les soupçonne même pas.
En quelques minutes, nous voilà pris d’assaut, désarmés, dépiautés, anéantis et envoyés au cachot, conquis sans quartiers. Nous devenons leurs malheureux, misérables, piteux prisonniers!
Ils sont tel un minuscule nuage de moucherons microscopiques, pas plus grands qu’une tête d’épingle, et continuent de tourbillonner, autour de nous, comme si nous étions des fruits pourris.
Ils nous pénètrent impunément, quand et comme il leur plaît.
Ils nous enlèvent la paix, le désir de travailler, l’appétit. Ils nous réduisent, abjectement, à l’état de chiffes molles.
Nous avons, par moments, l’illusion que nous sommes tranquilles, sereins, presque parfaitement heureux, totalement maîtres de la situation, les timoniers d’une existence, on ne peut plus paisible, et voilà qu’ils rappliquent, de nouveau avec plus de vigueur, et ne nous laissent pas de répit.
Les voilà dans notre tête, une fois de plus, et le tourment déboule comme une cascade tumultueuse.
Nous respirons avec peine, les yeux rivés au plafond fissuré et couvert de taches d’humidité, sans parvenir à nous endormir.
Notre cage thoracique ressemble à une boite en fer, où résonne le bruit métallique d’un bourdon, enfermé depuis des heures, zigzagant hébété, jusqu’à ce qu’épuisement et mort par asphyxie s’ensuivent.

Quel étrange Enfer!

Aucun commentaire: