L'horoscope de Rob Brezsny
Semaine du 16 au 22 avril 2020Pendant trois jours, mets le moindre de tes faits et
gestes au service de ton plus noble idéal.
Verseau
20 JANVIER – 18 FÉVRIER
“Notre Père qui êtes aux cieux,
restez-y.” proclamait Jacques Prévert, parodiant avec un sarcasme iconoclaste la
prière chrétienne. Farouchement athée, le poète n’éprouvait nul besoin d’en
appeler aux bons offices d’une quelconque figure divine paternelle pour régler
sa vie et son destin. Je le comprends d’autant mieux que, personnellement,
j’aurais plutôt un faible pour les déesses. Mais en ce moment, Verseau, même si
tu es allergique à l’idée d’invoquer quelque puissance divine, je ne saurais
trop te recommander de rechercher dans ton panthéon laïque de généreuses
influences masculines, susceptibles d’imprimer un élan à ta vie intérieure.
J’espère que ce
sera une belle journée aujourd’hui.
Par les fentes des volets, j’aperçois une lumière qui doit être celle du soleil. Il a plu toute la semaine dernière et cette semaine n’aura connu que d’éparses éclaircies. Il nous faut du beau temps pour ne pas moisir entre quatre murs, en plus de mourir d’ennui.
Par les fentes des volets, j’aperçois une lumière qui doit être celle du soleil. Il a plu toute la semaine dernière et cette semaine n’aura connu que d’éparses éclaircies. Il nous faut du beau temps pour ne pas moisir entre quatre murs, en plus de mourir d’ennui.
Qui suis-je
aujourd’hui ? Écrivaine ? Peintre ? Sculptrice de mots ? Quelque
chose du genre. Quelque chose d’approximatif. Je suis moi. Une femme qui n’est
pas en bonne santé, sur le point d’entamer une journée identique à celle d’hier
et à celle de demain.
Je me sors de
mon sommeil léthargique et j’étire le bras droit, puis le gauche, puis les deux
en même temps. Je n’ai plus aucune préoccupation, plus aucune responsabilité,
plus d’urgence à aller au travail. Je n’ai même plus de travail. Une certaine
mélancolie m’envahit à cette idée. L’étau se resserre autour de moi.
Que de belles
choses se produisaient avant dans le monde. Des satellites artificiels étaient
lancés dans le vide. Nos sonnettes retentissaient pour que les releveurs de
compteurs de gaz, d’électricité et d’eau, les facteurs avec des lettres
recommandées puissent faire leur entrée et porter leurs affaires par le monde. Plus
aucune sonnette ne retentit dans cette immeuble bunker. Cette pensée m’effleure
et m’attriste.
En allant dans
la salle de bains, je remarque au plafond une tache d’humidité. Il faudra que j’engage
un peintre, quand nous serons déconfinés. Aurais-je encore de quoi payer sa
note ?
Je me regarde dans
le miroir, au-dessus du lavabo et je me rends compte que mon nez, mon front et
ma lèvre supérieure sont de plus en plus préoccupés.
Le téléphone retentit
de façon stridente et terrible à cet instant. Je réponds. Ma mère me fait le
récit déroutant de sa longue journée d’hier. Je l’écoute d’une oreille plus que distraite. Son
désarroi est parfois audible , bien qu’elle cherche à me le cacher.
Pendant ce
temps-là, la pluie se remet à tomber drue sur les dalles du jardin. Il s’agit bien
là d’un complot sournois !
Le monde
ressemble désormais à un grand pénitencier. Ces jours d’expiation deviennent,
avec les trombes d’eau diluviennes qui s’abattent sur nos têtes, encore plus
sombres et emplis d’amertume.
Un véritable tourment pour nos âmes, qui ne savent toujours pas quand elles auront permission de sortie. Il n’est pas exclu, en effet, que le confinement se prolonge jusqu’à l’été, du moins pour les personnes les plus vulnérables.
Un véritable tourment pour nos âmes, qui ne savent toujours pas quand elles auront permission de sortie. Il n’est pas exclu, en effet, que le confinement se prolonge jusqu’à l’été, du moins pour les personnes les plus vulnérables.
Il est difficile
de maintenir son calme dans de pareilles circonstances. Nous vivons des temps
véritablement ahurissants ! L’épreuve est difficile et l’inquiétude nous
mine au plus profond de notre être. Les conséquences psychologiques d’un tel
vécu sont encore difficilement traçables.
Pour certains,
les projets se bousculent et des idées désespérées pour l’avenir s’enchevêtrent
de façon presque neurasthénique ; alors que d’autres se vautrent dans une
apathie et une léthargie quasi complètes.
D’aucuns veulent parler de tout et aussi de ce malheur, des heures durant, au téléphone ; d’autres se cloîtrent dans un mutisme absolu et n’échangent plus aucune confidence réciproque sur ce qui est devenu le sujet principal de conversation de nos malheureuses communautés, ni sur aucun autre thème.
D’aucuns veulent parler de tout et aussi de ce malheur, des heures durant, au téléphone ; d’autres se cloîtrent dans un mutisme absolu et n’échangent plus aucune confidence réciproque sur ce qui est devenu le sujet principal de conversation de nos malheureuses communautés, ni sur aucun autre thème.
Sur les réseaux
sociaux, des sketchs et des textes drolatiques foisonnent au même titre que les
cartoons des auteurs humoristiques plus connus.
Comment surmonter
cette épreuve sans sombrer dans une espèce de folie collective ? À mesure
que les jours passent, ça devient une entreprise presque désespérée.
Pour ma part, je
m’impose au quotidien un terrible effort d’emprise sur moi-même ; un auto-contrôle
qui parfois m’échappe des mains et donne lieu à des accès de rage incontrôlée,
qui se révèlent autant de soupapes rédhibitoires et catarctiques d'évacuation, afin de laisser
échapper par moments la vapeur accumulée.
Puis, j’ai mon
passage secret et mon ascenseur de passe muraille. Ça n’est, somme toute, pas
négligeable. Je m’évade de ma cellule, autant que je le désire.
Le jardin d’Eden de mon enfance est le plus souvent mon décor préféré, mais il m’arrive d’aller sur une plage du Caribe, au coucher du soleil.
Le jardin d’Eden de mon enfance est le plus souvent mon décor préféré, mais il m’arrive d’aller sur une plage du Caribe, au coucher du soleil.
Il faut à tout
prix que mon esprit continue d’être libre.
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