Les embêtements,
ce n’est pas ce qui manque dans la vie, dit la femme âgée.
Elle est bien dure l’existence, répond l’homme.
Il faut se présenter le front haut si de malheureuses circonstances s’abattent sur nous.
Parfois, on s’enlise, imperceptiblement, dans une véritable mer de nausée.
Elle est bien dure l’existence, répond l’homme.
Il faut se présenter le front haut si de malheureuses circonstances s’abattent sur nous.
Parfois, on s’enlise, imperceptiblement, dans une véritable mer de nausée.
Ainsi conversent
les deux personnes assises à mon côté, durant le traitement.
L’homme n’est ni
grand, ni petit, ni jeune, ni vieux. Il a le teint plutôt pâle, mais en cette
période de confinement, nous ressemblons tous à d’étranges zombies masqués, de
vrais morts vivants.
Je les regarde et
je les entends parler.
L’envie me prend d’écrire. Ils parlent de leurs malheurs, de leurs pleurs et de leurs douleurs et de leurs peurs. Ils sont au coude à coude dans leurs récits minutieux.
L’envie me prend d’écrire. Ils parlent de leurs malheurs, de leurs pleurs et de leurs douleurs et de leurs peurs. Ils sont au coude à coude dans leurs récits minutieux.
En ce bel
après-midi qui, normalement, nous appellerait à la mer, a la forêt, aux champs,
que faisons-nous enfermés là-dedans ?
Je pense aux jeux
et aux rires des jeunes enfants dans les cours de récréation ou dans le parc, à
ces bruits de joie et de vie qui ne parviennent pas jusqu’ici et qu’on n’entend plus, depuis de longues semaines.
Je repense aux
apéritifs pris sur la terrasse du café, en bord de mer, les petites parts de fromage, les olives, le pain, les cocktails, les bières, les verres de vin et nos conversations intarissables.
Je revois notre joyeuse bande familiale, sur les plages de notre enfance, où la tribu se retrouve tous les étés. Et où nos enfants qui nous dépassent maintenant d'une toise continuent de venir avec nous perpétuer la tradition, pour qui sait combien de temps encore.
Tout ressemble maintenant à une désolation. Je n’ai pourtant pas encore touché le fond du puits. Il me reste encore une petite marge. J’ai dans la bouche, un intense goût amer et métallique et des aphtes douloureuses.
Le monde est, comme le disent et le répètent mes voisins souffre-douleur, qui se sont finalement tus, riche en peines de toutes sortes.
Je revois notre joyeuse bande familiale, sur les plages de notre enfance, où la tribu se retrouve tous les étés. Et où nos enfants qui nous dépassent maintenant d'une toise continuent de venir avec nous perpétuer la tradition, pour qui sait combien de temps encore.
Tout ressemble maintenant à une désolation. Je n’ai pourtant pas encore touché le fond du puits. Il me reste encore une petite marge. J’ai dans la bouche, un intense goût amer et métallique et des aphtes douloureuses.
Le monde est, comme le disent et le répètent mes voisins souffre-douleur, qui se sont finalement tus, riche en peines de toutes sortes.
Notre corps est
la toile des blessures les plus sanglantes, les plus profondes, les plus
difficiles à guérir. Il en garde les marques. La cicatrisation n’est parfois qu’apparente.
Pourrais-je
encore me réparer ? Ressentir encore du plaisir ? Qu’est-ce que le
plaisir sinon la cessation de la douleur ? Et le plaisir n’est-il pas
directement proportionnel à la souffrance qui l’a précédé ?
Il me faut
continuer à écrire. Ne pas ralentir le rythme de mon récit. Cela est ma seule
certitude. Je dois, à travers une merveilleuse mystification, révéler mon talent
en fleur, feindre des facultés créatrices, écrire des choses moins belles que des haïkus.
C’est une entreprise
bien simple, car le fait d’exécuter des choses insignifiantes ou mauvaises ne coûte
pas la moindre fatigue.
Écrire des platitudes est d’une aisance insoupçonnée.
Écrire des platitudes est d’une aisance insoupçonnée.
Je ne produis
donc aucun effort pour réprimer cette impulsion, génialement irrésistible, de l’écriture.
Je m’astreins à cette tâche quotidienne avec un regain inusité d'enthousiame,
même si je produis une mauvaise imitation de littérature, le jeu en vaut la chandelle.
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