« Quoique cette
brusque retraite de la maladie fût inespérée, nos concitoyens ne se hâtèrent
pas de se réjouir. Les mois qui venaient de passer, tout en augmentant leur
désir de libération, leur avaient appris
la prudence et les avaient habitués à compter de moins en moins sur une fin
prochaine de l’épidémie. »
La peste, Albert
Camus
Je conçois que
des perplexités de lecture surgissent devant cette nouvelle forme d’autobiographie
feinte et fantaisistement méthodique.
Je demeure
indécise sur la course à donner aux événements dont je suis le témoin passif,
confinée dans une réclusion quasi permanente depuis maintenant exactement seize
jours.
Mes rêves
continuent de se peupler de sourdes clameurs et d’horreurs qui me fascinent
autant qu’elles me confondent.
Je suis témoin
passif et non actrice de ma vie présente. Je ne suis pas l’héroïne de mon
histoire, mais son double. Je ne suis rien d’autre que la dépositaire de
souvenirs sans fond, d’une mémoire vivante.
Les événements
récents bouleversent le cours, jusqu’ici insignifiant de mon existence, pesant
de tout leur poids sur mon comportement, ma manière nouvelle de voir les
choses, et je voudrais pour les rapporter, adopter un ton froid et serein, pour
réussir un lent déchiffrement.
Ayant désormais
atteint l’âge mûr, les fils qui me rattachent à mon enfance sont depuis longtemps
brisés.
Comme probablement tout le monde, j’ai absolument tout oublié de mes premières années de vie.
Je ne sais plus grand-chose de mon enfance. Elle est derrière moi depuis presque un demi-siècle.
J’en contemple de brèves images avec, tour à tour, nostalgie, terreur, perplexité. Est-ce un paradis perdu ou un point de départ de construction des fondations de ma vie et de son sens ?
Comme probablement tout le monde, j’ai absolument tout oublié de mes premières années de vie.
Je ne sais plus grand-chose de mon enfance. Elle est derrière moi depuis presque un demi-siècle.
J’en contemple de brèves images avec, tour à tour, nostalgie, terreur, perplexité. Est-ce un paradis perdu ou un point de départ de construction des fondations de ma vie et de son sens ?
J’ai enfoui au
plus profond de moi des souvenirs improbables, corroborés par des photos
jaunies, entassées dans des albums.
Quand je repense
au cercle familial, je ressens tantôt un sentiment d’écrasement, de menace,
tantôt une protection chaleureuse, ressemblant à de l’amour.
Des souvenirs brumeux subsistent donc, mais ils sont fugaces, futiles ou pesants et rien ne les rassemble, rien ne les ancre, ni les fixe. Rien ne les entérine.
Des souvenirs brumeux subsistent donc, mais ils sont fugaces, futiles ou pesants et rien ne les rassemble, rien ne les ancre, ni les fixe. Rien ne les entérine.
C’est une sorte
de boutique obscure où je tâtonne pour trouver l’objet recherché.
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