Tendue
dans un instant perpendiculaire. Le vertige de la verticalité. Un seul pouvoir.
Un
refuge temporaire. Une parcelle de Moi qui
se dérobe. Je ne pense plus
que
dans l'entre-deux et loge dans un vide – mon étrangeté singulière!
Telle
une huître. Telle une pierre. Aucune pensée. Le vide. L'apesanteur.
L'arrachement
au Moi. Perdue dans le tourbillon du
béant. Néant.
Les
choses, les êtres et les mots effacés. Puis retournée. Revenue. Réincorporée.
Je
redeviens fluide comme un fleuve fuyant sans cesse, sans cesse
changeant.
Ni éblouie. Ni bluffée. Toujours entre
deux annulations. L'étrangeté.
L'absurdité.
Le cours banal de nos vies. La quotidienneté qui abolit tout.
Une
disponibilité intermittente. L'impulsion à penser trop. J'erre dans mes
perceptions
et
mes idées vagabondes, aux résonnances vertigineuses, sans habitat fixe.
Réouverture
des plaies. Je nettoie. Je recouds. Je cautérise. Je panse.
Détachée
de tout et en même temps toujours présente. Je ruisselle. Je me délie.
Je
me dissous. Puis je m'envahis à nouveau, à l'improviste. J'emplis le vide. J'éponge
les
sensations. Je m'émeus à tout venant. Je couvre mes cicatrices. Mon moi survit
toujours
au dépassionnement. Pâle doublure de ma témérité acharnée. Je m'accroche.
Tenace.
Je m'allège tel un papillon. Indifférente. Mes ailes emportent ce qui reste du
Moi.
Je
joue à l'emboîtement/déboîtement. Une poupée russe. Je vis à la verticale des
images,
sertie
dans tous les horizons. Je m'invente une altérité. Je m'éparpille tous azimuts.
Je
me décolle de moi-même tel un grain de poussière qui quitte le sol, emporté par
une rafale
de
vent. Passante sur le trottoir gigantesque du monde. Passagère dans un no mans land,
entre
deux lieux, deux dogmes, deux crises, deux identités, deux religions, deux
sexes,
deux
ruses, deux hésitations, deux incertitudes, deux couardises, deux envolées.
Passante
passagère,
passante sans identité fixe. Clandestinité totale.
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