"Cousin Stephen, vous ne serez jamais un saint. Ile des saints. Vous étiez terriblement pieux, pas vrai? Vous imploriez la Très Sainte Vierge pour ne plus avoir le nez rouge. Vous conjuriez le démon dans la Serpentine Avenue pour que la veuve qui marchait devant vous, potelée, se retroussât plus haut sur le pavé mouillé. O si, certo! Allez, vendez votre âme pour ça, des chiffons teinturlurés épinglés autour d'une mouquère. Allez jusqu'au bout, ne craignez pas de tout dire! Sur l'impériale du tram de Howth, tout seul, qui est-ce qui criait sous la pluie: des femmes nues? Hein, qu'en dites-vous?
Que dites-vous de quoi? Est-ce qu'elles n'ont pas été inventées pour ça?
Et quand vous preniez chaque soir sept livres pour en lire deux pages? Eh oui, j'étais jeune. Vous vous faisiez des salamalecs dans la glace, avançant pour recevoir les applaudissements avec le plus grand sérieux: physionomie très frappante! Bravo pour le sinistre crétin! Brra! Personne ne vous voyait; ne racontez ça à personne. Et les livres que vous vouliez écrire avec des lettres pour titres. Avez-vous lu son F? Oh oui, mais je préfère Q. Oui, mais W est un chef-d'oeuvre. C'est vrai, W. Rappelez-vous vos épiphanies sur papier vert de forme ovale, spéculations insondables (...)."
in Ulysse I, de James Joyce
2 commentaires:
bonjour, tu sais je te (con) /fesse\ que je n'ai jamais pu lire James Joyce, en entier:(
bises
Myra, ne t'inquiètes pas! Tu n'es pas la seule à ce qu'il paraît!..:)) bisous
Enregistrer un commentaire