"En vérité c'est une douce terre aux eaux murmurantes, aux cours d'eau poissonneux où s'ébattent le grondin, la plie, le gardon, le hellebut, l'aiglefin bossu, le saumon remontant, le carrelet, la barbue, la limande, le ramassis des poissons vulgaires et autres citoyens de l'aquatique empire trop nombreux pour être énumérés. Aux molles brises de l'ouest et de l'est les arbres altiers balancent vers les quatre points cardinaux leurs frondaisons émérites, le sycomore encensant, le cèdre libanien, le platane élancé, l'eugénique eucalyptus et autres ornements du monde végétal qui foisonnent en cette contrée.
D'aimables vierges assises tout contre les racines des arbres aimables chantent les plus aimables romances tout en jouant avec toutes sortes d'aimables objets comme par exemple des lingots d'or, des poissons d'argent, des barils de harengs, des haveneaux d'anguilles, des moruettes, des paniers de menises, de pourpres gemmes de mer et de folâtres insectes. Et les héros viennent des confins du monde solliciter leurs faveurs, d'Elbana à Slievermargy, les princes sans égaux de la libre Munster et de Connacht la juste et du Leinster de velours et de la terre de Cruachan et d'Arnagh la splendide et du noble district de Boyle, princes, fils de rois." (...)
in Ulysse I, de James Joyce
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire