dimanche 16 mai 2010

Dehors...

un soleil timide perce entre deux gros nuages. Je m'asseois sur la banquette en moleskine rouge. Je regarde au-dehors par la baie vitrée du café de la gare... Je relis, une nouvelle fois, cet extrait du livre de Houellebecq (les particules élémentaires): " Je n'ai pas eu une vie heureuse, dit Annabelle. Je crois que j'accordais trop d'importance à l'amour. Je me donnais trop facilement, les hommes me laissaient tomber dès qu'ils étaient arrivés à leurs fins, et j'en souffrais. Les hommes ne font pas l'amour parce qu'ils sont amoureux, mais parce qu'ils sont excités; cette évidence banale, il m'a fallu des années pour la comprendre. (...) je n'éprouvais aucun plaisir à provoquer ni à séduire. Même la sexualité a fini par me dégoûter; je ne supportais plus leur sourire de triomphe au moment où j'enlevais ma robe, leur air con au moment de jouir, et surtout leur muflerie une fois l'acte accompli. (...) C'est pénible à la fin d'être considérée comme du bétail interchangeable...(...) J'avais couché avec des dizaines d'hommes et aucun ne valait la peine qu'on s'en souvienne (...) J'avais décidé d'arrêter, de sortir du jeu. Je mène une vie calme, dénuée de joie. Le soir je lis, je me prépare des infusions, des boissons chaudes (...) En réalité, je voudrais que la vie passe très vite. (....) Michel resta silencieux. Il n'était pas surpris. La plupart des femmes ont une adolescence excitée, elles s'intéressent beaucoup aux garçons et au sexe; puis peu à peu elles se lassent, elles n'ont plus très envie d'ouvrir leurs cuisses, de se mettre en lordose pour présenter leur cul; elles cherchent une relation tendre qu'elles ne trouvent pas, une passion qu'elles ne sont plus vraiment en mesure d'éprouver; alors commencent pour elles les années difficiles."
En sirotant mon caffe latte, je me perds en conjectures rapides, après la lecture de cet extrait aussi triste, que fade. Un cliché très occidentalisé sur la femme et les rapports hommes-femmes, dans nos modernes sociétés contemporaines. C'est un peu toujours la même rengaine depuis Emma Bovary, Thérèse Desqueyroux ou Anna Karenine, qui perpétue à satiété le stéréotype de l'ordre patriarcal, logico-masculin des choses, qui nie platement la libération de la jouissance féminine, qui entrevoit la femme comme une héroïne échevelée, une hystérique névrosée, une femme amère et frustrée dont la décadence physique s'attelle à la décadence spirituelle, en manque permanent d'amour.. en somme, toujours vouée à un destin tragique.
Je remémore alors, de façon irraisonnée, cette citation (extraite de la Bible?) : " L'acte d'amour (...) demeure entre la femme et l'homme comme leur seul lien...".

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