mercredi 18 mars 2020

Log book 2020 # 2

" Les mesures n'étaient pas draconiennes et l'on semblait avoir beaucoup sacrifié au désir de ne pas inquiéter l'opinion publique. (...) Néanmoins, et dans un esprit de prudence qui pouvait être compris par tout le monde, le préfet prenait quelques mesures préventives. Comprises et appliquées comme elles devaient l'être, ces mesures étaient de nature à  arrêter net toute menace d'épidémie."

La peste, Albert Camus

Depuis le début de ce fleáu apocalyptique, auquel d'aucuns se reportent  déjà comme à une catastrophe prophétique, un monde presque moribond, en un tour de mains est secoué, convulsé, mis à genoux. Le nôtre.
Avec une régularité bienfaisante, je reçois, de la part d'amis chers et de connaissances bienveillantes, maints appels téléphoniques et messages, portant sur la question qui s'impose désormais, au quotidien, qui est celle de la survie. 
Même si, face à la mort, nos inquiétudes se recoupent, il ressort, de façon très consensuellement évidente, que les sujets de préoccupation récurrents sont surtout liés aux simples et vitales questions logistiques quotidiennes habituelles et vont croissant. 
J'inaugure aujourd'hui notre sixième jour de confinement volontaire. Il est précisément 02h30 et juguler aussi bien l'impatience, que l'anxiété devient le maître mot céans, face au périlleux enchaînement des événements et au champ de force créé, autour de ma persona,  par un enchevêtrement quantique d'une synchronicité malencontreuse. 

Je vous avouerai que je suis presque envoûtée par cette théorie de l'enchevêtrement des générateurs de désastres cataclysmiques collectifs. À vrai dire, même une coupe transversale de testicule de rat observée au microscope optique, susciterait mon intérêt, par les temps qui courent.
Vous l'aurez compris, garder une saine neutralité est devenu l'exercice mental suprême, notamment, après quelques nuits déjà de délires oniriques et d'insomnies maniaques. 

Hier, un peu malgré moi, car je ne veux, par bienséance et inclination naturelle, chagriner personne plus qu'il ne le faut, je répondais à l'expression d'une préoccupation touchant mon être profond, avec un peu d'humour  et de précision (il en faut!) qu'au chapitre Introduction au Siècle des Menaces, avoir deux menaces émergentes, c'est à dire une menace et une rallonge, en gros, au-dessus de sa tête, c'était un must dérisoirement cocasse et original.
Poussant un raisonnement mathématique, on ne peut plus simple, un peu plus avant, comme le schmilblick,  on en arriverait presque à conclure que les menaces se bouffent,  et se neutralisent. Une neutralisation providentielle, en quelque sorte!.. 

Je résiste à cette heure, à la tentation de me retrancher en mon for intérieur et de sombrer dans un silence aux contours dévastateurs. Suite à la première surprise, au déni extravagant des uns, trop incrédules, aux exaggérations des autres, quels mots trouver pour, confusément, continuer de les rassurer. Et quels autres (mêmes) mots trouver pour se rassurer soi-même?

"Avez-vous remarqué, m'a-t-il dit, qu'on ne peut pas cumuler les maladies? Supposez que vous ayez une maladie grave ou incurable, un cancer sérieux ou une bonne tuberculose, vous n'attraperez pas la peste ou le typhus, c'est  impossible."


" Le reste de l'histoire, selon Grand, était très simple. Il en est ainsi pour tout le monde: on se marie, on aime encore un peu, on travaille. On travaille tant qu'on en oublie d'aimer."

Business as Usual.

À une prochaine mise à jour.

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