samedi 18 juillet 2020

Log book # 91

La dernière lumière du jour s'abat lourdement et avec gravité sur les objets autour de moi.
Leurs contours deviennent diffus et même si mes yeux s'efforcent, je n'y vois plus rien.
Au loin, le sable sec est innondé par les vagues de la marée montante.
Toute la journée, la menace d'une irradiation mortelle a pesé pour éclater en ce moment crépusculaire.
Un bruit assourdissant se fait entendre et grandit en rugissant, tel un animal blessé à mort. 
Le tonnerre éclate et des trombes de pluie s'abattent sur la terre chaude. 
J'ouvre complètement la fenêtre. 
Une odeur merveilleuse pénètre mes narines. 
Aucune autre odeur ne vaut celle-ci. 
Je pense à ma mère qui s'affaire dans la cuisine, avec un mélange d'amour infini et de répugnance indicible.  
C'est une capricieuse, doublée d'une autoritaire castratrice. 
Elle m'a mise au monde très contrariée et forcée, et me l'a répété à satiété. 
En même temps qu'elle m'a donné naissance, elle m'a condamnée à être une mal-aimée. 
C'est comme si elle m'avait mise en prison, en isolement.
Ma mère me pèse et me fait mal. 
Ma mère est ma douleur. Et je suis incontestablement la sienne.
Je respire lourdement comme une vieille femme moribonde, du fond de son lit de mort. 
Alla fine di un altro giorno
Les vagues se fracassent bruyamment sur les rochers de la falaise.
Je ne garde plus la mémoire du Temps et des épisodes heureux ou tragiques de ma Vie. 
Je n'en ai plus qu'une très vague idée. Un arrière goût amer.
La morphine est une drogue très puissante à laquelle il faut rendre grâce. 
Mon corps est maintenant très las de tout ce fracas.
Il va lâcher prise à tout moment.
Alleluiah!

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