lundi 13 juillet 2020

Log book # 89


"Pour parcourir les jours, les natures un peu nerveuses, comme était la mienne, disposent, comme les voitures automobiles, de "Vitesses" différentes. Il y a des jours montueux et malaisés qu'on met un temps infini à gravir et des jours en pente qui se laissent descendre à fond de train en chantant."



En toute objectivité, j'ai parfois l'impression que tout le monde abuse de ma bonne volonté. 
Et même si j'en suis consciente, ça ne m'en blesse pas moins. 

Si un épitaphe devait être placé sur ma tombe 
(ce qui ne se fera pas car je veux que mes cendres rejoignent la mer) 
on pourrait y lire : 

Elle était lucide comme personne, et pleinement consciente de son insignifiance, 
Elle se forçait à sourire, même si elle souffrait déjà alors que ses aïeuls n'étaient pas encore nés. 
Elle a vécu comme une solitaire. 
RIP

Ces derniers jours/semaines, je me suis refermée sur moi comme un éventail. 
Ma colère s'est atténuée. 
J'ai perdu toute ardeur.
Ma vie se compose de longues journées qui se prolongent en nuits interminables sans sommeil. 
Mille pensées traversent, telles des comètes, mon esprit, sans aboutissement aucun, et quelques fantaisies aussi éclatent comme des pétards, dans cet horizon ténébreux. 
La nuit devient une étape difficile à franchir. 
J'aligne ces quelques mots sur la feuille vierge avec une tiédeur morbide. 
Quel ennui mortel! 
Une vague nausée me prend. Je suis presque sourde d'une oreille et ma vue baisse; je dois me résigner à ne plus entendre ni voir le monde comme avant. 
Il y a comme une rumeur d'ascenseur dans mon cerveau. 
C'est une sensation très désagréable.
À chaque jour qui passe, je m'emplis de tristesse comme on s'emplit de vin. 
Je me saoule jusqu'à en perdre connaissance, puis je me résigne à ce triste ennui existentiel, sans trop y penser.
Que puis-je faire d'autre?
La lune rubiconde est parfaitement visible durant ces longues nuits chaudes d'été.
Je me persusade qu'on peut aussi vivre sans bonheur. 
On peut continuellement l'abollir, avec persistance et méthode. 
Il suffit de faire attention et d'étouffer le doute, dès qu'il commence à poindre. 
Il ne faut surtout pas le laisser s'installer.
L'acceptation de cet état finit par alimenter anonymement mon être de sa calme vibration. 
Je respire profondément, sans souffrance, les yeux bien ouverts et je souris béate entre toutes les femmes.

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