dimanche 14 juin 2020

Log book # 84




« Un écrivain ne peut écrire qu’une seule chose : ce que ses sens perçoivent au moment où il écrit. Je ne suis qu’un appareil d’enregistrement. Je ne prétends imposer ni « histoire », ni « intrigue », ni « scénario »… […] Je ne cherche pas à distraire. Je ne suis pas un amuseur public. »

William S. Burroughs

Just another day in paradise…
Ce matin, je me suis éveillée avec cette vieille mélodie en tête et depuis, elle ne m’abandonne plus.
Mon existence s’écoule, composée d’un amoncellement de jours identiques, tels les grains de sable dans le sablier retourné.
Le Temps s’écoule dans le Néant.
En analysant les faits froidement, j’en arrive à la conclusion que mon passé n’est plus qu’un répertoire de vains désirs trompés et d’espérances trahies, mon présent est une pluie fine de jours remplis d’un ennui mortel, distillé dans mes veines, qui déjoue tous mes « vouloirs » secrets et mon avenir n’est qu’une source inépuisable d’incertitude et d’inquiétude.
En effet, quand je me penche sur le futur, il me vient immédiatement la vision d’une épouvantable catastrophe et un profond sentiment d’impuissance m’écrase. Il m’arrive encore de verser quelques larmes de découragement qui me gagnent comme par réflexe, mais qui sont, je dois l’avouer, de plus en plus rares.
Je n’ai plus aucune attirance pour le tumulte passionné des sentiments. Je suis presque totalement dépourvue d’émotions et les battements de mon cœur sont si bien réglés qu’on peut aisément m’accuser de froideur et d’indifférence.
À chaque nouveau jour qui s’annonce platement, je me sens emportée par le courant irrésistible et implacable de la vie et je m’efforce de tout supporter avec un maximum de constance et de stoïcisme.
La plupart du temps, je m’évertue soigneusement à perdre la conscience de mon être physique et je concentre mes pensées sur l’oubli forcé et l’abstraction. Mon avenir est hideux, mon présent est rempli de silence et de solitude. Mon passé n’est plus que souvenirs.
Comme le disait Baudelaire : « J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans. »
Je ne rajeunis pas.
Just another day in paradise…

Aucun commentaire: