vendredi 22 mai 2020

Log book # 63




J’en parlais encore hier au téléphone, avec une amie. Après avoir procédé au « decluttering » de mon armoire à linge, où s’entassaient pêle-mêle des vêtements d’hiver et d’été, je suis parvenue à la conclusion que je n’achèterai plus une seule pièce vestimentaire pendant au moins les dix prochaines années.
Heureusement que le monde ne compte pas sur moi pour la fameuse relance de l’économie via le bon pouvoir sacrosaint de la consommation. Il y a bien sûr celles ( et ceux ?) pour qui le premier acte de retour à la vie sociale a été de faire la queue devant un magasin Zara, ce qui a fait le tour des posts sur Facebook.
Il y a chez moi quelque chose d’irrémédiablement cassé : l’envie de consommer a totalement disparue. Je développe une véritable « obsession de l’épargne ». Je décide délibérément d’échapper au carcan de la société consumériste outrancière. Dorénavant, seuls mes besoins vitaux essentiels seront pris en compte. Je vais tout user « jusqu’à la corde ».
Je me croyais assez sobre voire même frugale, mais je m’aperçois que j’ai encore des marges de manœuvre.
Je vais être moins dépensière en tout, en argent, mais aussi en énergie. Peut-être devrais-je faire une exception pour les masques, car apparemment c’est un accessoire dont on ne pourra se passer de sitôt.
Incontestablement, le masque est arrivé dans nos vies, dans notre monde pour y rester encore quelque temps. Que nous est-il réservé pour l’avenir avec ce port obligatoire du masque dans l’espace public ?
Un monde plus froid ? Un monde de science-fiction, sans grandes interactions sociales ni émotions ?
Depuis plusieurs semaines, il ne se passe pas un jour sans article ou une annonce sur le port du masque, où s’en procurer, comment le mettre et surtout comment ça va impacter sur notre existence au quotidien.
D’un point de vue plus philosophique, la question essentielle est : comment appréhender l’autre quand son visage est à moitié caché ? Comment interagir quand on ne peut plus totalement compter sur nos expressions faciales ?
Nos rapports sociaux vont-ils se compliquer grandement au point de devenir impossibles ?
Ce sont là des inquiétudes légitimes, mais probablement infondées car avant la pandémie, l’espace public n’était déjà pas très convivial. La masse informe d’humains croisés dans le métro, dans la rue ou les magasins n’était pas plus avenante ou souriante que maintenant.
Les gens étaient déjà, pour la vaste majorité, impassibles, indifférents, perdus dans leurs pensées, tout occupés à eux-mêmes !
Ainsi est l’humain. Rien ne changera avec le port du masque à mon avis et peu m’en importe je l’avoue.

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