mercredi 20 mai 2020

Log book # 61




« Si l’on n’y veille, toutes les histoires d’amour finissent à la poubelle. »

Écrit la nuit, Le livre interdit, Ettore Sottsass

Après deux mois de confinement et une crise sanitaire inédite, quid des relations amoureuses ? Comment se vit l’amour au temps du coronavirus ?
Notre quotidien et notre intimité ont sans aucun doute souffert du confinement. Ceux qui vivent en couple ont fait l’expérience d’une proximité constante ou dans certains cas d’une relation à distance. Les célibataires se seront probablement contentés de flirts virtuels.
La privation du monde social a pu être une épreuve compliquée pour certains, une parenthèse éventuellement appréciée par d’autres.
Comment la pandémie a-t ’elle changé nos relations amoureuses ? Comment peut-on s’aimer dans l’isolement et l’attente ? À quoi ressembleront les rencontres post-confinement ?
Eva Illouz, sociologue et auteure de « La fin de l’amour, enquête sur un désarroi contemporain », paru aux Éditions Seuil, nous dit à ce propos : 
« Cette crise a un caractère paradoxal puisqu’il s’agit d’une crise qui a été gérée de l’intérieur de la sphère du privé et de l’intime. L’intime a joué un rôle qu’il n’avait peut-être jamais joué dans nos temps modernes. »
En temps normal, l’intime suppose « l’équilibre entre l’absence et la présence. Et là, l’intimité n’a pas été soutenue par le monde extérieur. »
La philosophe Hannah Arendt était elle très inspirée par Aristote, pour qui la sphère publique et la sphère privée respectent un ordre hiérarchique. Pour eux, la sphère privée est nécessaire mais elle est inférieure à la sphère publique qui est celle qui permet de décider des actions de la société. Et cette crise a été comme une vaste expérience faite sur des milliards de gens.
Et elle a donné raison à Arendt. « Le foyer n’a de sens que s’il est sous-tendu d’un monde public. Un foyer sans contact avec le monde extérieur devient inintéressant ou opprimant. »

« Pour les familles conventionnelles, la crise a mis en relief des choses plus floues. Le confinement a eu pour effet de faire en sorte que les hommes et les femmes, d’ordinaire séparés durant le travail, se sont retrouvés enfermés ensemble et ça a exacerbé certaines tensions dans leurs foyers. Les violences conjugales ont été plus nombreuses.
Et on a vu des files d’attente très longues, en Chine, devant les tribunaux, car de nombreux couples voulaient divorcer après le confinement. Ces divorces sont l’illustration qu’une intimité prolongée n’est pas une bonne manière de vivre le couple. » (Eva Illouz)




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