vendredi 27 mars 2020

Log book # 11


Le bateau file à bonne allure sur une mer houleuse. 
Avec ses bords rocheux perdus dans la brume, on ne sait pas où elle commence, où elle finit, cette île d'abondance. 
Nous avançons sur ce frêle esquif, sans aucun repère, sans pouvoir évaluer notre vitesse. 
Nous avançons mais rien ne change. 
Ce n’est pas de la navigation – il s’agit d’un rêve.
D'autres îles apparaissent sur le cercle de l’horizon. Leur échine, semée d’arbres, trace la limite du ciel. Leur rivage escarpé tranche nettement sur la mer. 
Dans cette lumière précise, tout devient repère et d’une île à l’autre, notre petite embarcation qui se traînait, bondit désormais, à la crête des grosses vagues tumultueuses, dans une course faite d’écume et de battements cinglants, ballotée et tournoyant, dans toutes des directions.

Quelques heures après son second traitement, la « forme » se sent nauséeuse. Elle a beau s’accrocher au bastingage, elle est secouée sous la houle, elle chavire.
Elle s’étonne surtout de la facilité qu’elle a de reproduire, dans la caisse de résonnance qu’est devenu son crâne, prêt à exploser, les expériences musicales de Jean Dubuffet.

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